l’hiver

Une brise matinale mais glacée parcourt les ruelles étroites du village, balayant les rêves déchus et la poussière de la chaux vive.

Dar est le nom qu’on donne à ses maisons blanchies, aux murs épais et humides, ils sont difformes à cause des pierres mal taillées, ce qui leur confère cet aspect boursouflé, l’impression que tout le village s’apprête à imploser sous son poids.

les portes en bois de pin se referment lourdement sur une cour ou fleurissent une vigne ou un jasmin tentaculaires. Des cris enfantins s’en échappent parfois, des rires de femmes grassouillettes, ou la toux étouffée d’un vieil octogénaire.

Le village frémit aux lueurs, l’odeur épicée s’élève pour former un halo, quelques travailleurs téméraires se jettent alors dans les ruelles et  pressent le pas vers les stations qui se trouvent en aval de la colline.

je croise le regard d’un passant embêté de partir aussi tôt, il me salue d’un geste lent et semble marmonner un bonjour timide, je retourne la tête et continue à avancer vers la terrasse d’un café.

Attablé, je sirote mon deuxième café, un sucre au fond du verre, et laisse errer mes yeux au fond du local, le propriétaire calé derrière son énorme caisse enregistreuse, tirait sur son narguilé, et rejetait la fumée par d’énormes narines à l’orée d’une moustache drue et roussie.

Je me presse de terminer mon café, la chaise en acier me tailladait les fesses.

Comme chaque matin je dois partir au boulot, et replonger dans ma désillusion.

 

 

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